Le plus vieux fait ce boulot depuis huit ans, il lui reste deux ans avant d'obtenir le premier échelon de sa retraite. Le dernier est là depuis deux ans, c'est son premier poste, il n'a pas encore obtenu son diplôme professionnel. Le troisième c'est Fernand, il est vigile à temps partiel. La nuit, il veille, le jour il est l'animateur de l'uZine, un MWeb qui émet en Europe. Mais si l'uZine est écouté par tous les étudiants branchés, il reste un Multimédia Web bénévole. Par chance, Fernand a récupéré l'installation Web de son père qui dirigeait la station régionale MWeb, Santé2.
Fernand n'a pas repris l'affaire familiale qui commençait à montrer des signes de fatigue puisqu'elle avait neuf ans. Elle fut montée en 2025, par son père Adrien Mespêche, lui-même fils de David Mespêche qui s'était illustré en 1996 en créant le fameux WebZine l'uZine. C'était au temps des pionniers du Web, quand on pouvait faire un site en une soirée puisque les moyens techniques d'alors étaient rudimentaires. Ainsi, Fernand a repris le nom du Web de son grand-père, nom fin de siècle, un rien désuet, qui date d'avant les grandes réformes structurelles de 2011, avant la crise, à l'époque où l'on gardait le même travail quarante années, avant le morcellement des carrières.
C'était l'époque des grands trusts prospères, avant le crack de MicroSoft au tout début de NetScape Consortium. C'est une époque qui fait rêver tous les jeunes d'aujourd'hui et Fernand rêve devant l'écran qui affiche les alarmes de contrôle du réseau de la région France.
Toutes les informations transitant par réseaux, envoient des données de contrôle ici, afin de suivre le trafic. Le dernier incident grave fut l'encombrement de 2037, le jour où pendant 30 minutes tous les automatismes régionaux furent bloqués provoquant la mort de 1800 personnes.
Encore trois heures de veille et Fernand retrouvera son lit, il se blottira contre Amandine sa nouvelle compagne. Encore trois heures...
Un signal strident retentit, une alarme de niveau huit , quatre fenêtres s'ouvrent sur l'écran de contrôle de Fernand. La première dit: "alerte maximale"; . La deuxième ne fait que répéter la première; comme la troisième. Un bug, sans doute. Puis, Fernand glisse son regard vers le bas de l'écran. Là, sur la quatrième fenêtre, le message est bref. Un rien sorti d'une époque révolue, et laissé là, sur la machine, par un programmeur il y a une bonne trentaine d'années. Fernand lit. Se passe la main sur le front.
Regarde ses collègues, comme pour se rassurer. Et souffle: "merde". Pas prévu ça, le Fernand. Jamais imaginé que ca arriverait. Clignotements de la fenêtre, petite sirène d'alarme. Fernand pivote sur son fauteuil et appelle les autres. "Hey, venez-voir" . Il agrandit la fenêtre, d'un coup de claquement de doigt digitalisé. Stupeur, un compte à rebours se déclenche sur le pupitre. Les vigiles se regardent. Pour un incident, c'est un incident. Un méchant merdier, même. Le truc qui faudrait pas. Pas maintenant, en tout cas.
"Alors, les gars? Qu'est-ce qu'on fait" demande Fernand. Les autres restent muets. Dans la fenêtre, le message clignote: "Quota de pubs maximum atteint. Réseau engorgé. Urgence absolue. Faire place dans le réseau? Si oui, destruction des espaces sans pub" . Il est 4h10 du matin.
II
Caracas 22h00. Roberto rentre chez lui. Il en marre, le dîner avec ses clients s'est éternisé et l'affaire n'est toujours pas conclue. Sa spécialité à lui c'est de vendre des terrains à de potentiels investisseurs. Le problème est que ces terrains rengorge d'un liquide noir, autrefois appelé Pétrole, et dont aujourd'hui plus personne ne veut.
Une fois la porte de son appartement refermée, Roberto allume machinalement son micro pour retrouver en cyber conférence sa copine qui vit en Australie. Dans un an, si tout va bien, elle viendra le retrouver. Mais pour le moment leurs rencontres virtuelles restent le temps fort de ses soirées. Pour rien au monde il n'en raterait une.
Ce soir pourtant quelque chose cloche. Le satellite sur lequel il se connecte c'est mis aux abonnés absents. Son écran de connexion automatique reste complètement noir. "Que ce passe-il " Roberto saisit son téléphone cellulaire pour appeler son copain du centre de contrôle, histoire de voir avec lui où ça cloche. Hélas, pas plus que son écran, le téléphone n'a l'air de fonctionner. Une sueur froide lui glace le dos : et si c'était vrai, si tous les réseaux de communications avaient décidé de cesser de fonctionner ? Il secoue la tête.
"Arrête de flipper" se dit-il, et il se sert un verre de coca-rhum, histoire de s'éclaircir les idées. "Il faut absolument trouver quelque chose" .
Il tourne en rond quand son regard est attiré par une prise murale dont il avait presque oublié l'existence : Le réseau câblé ! ! ! Cela faisait bientôt 10 ans que la télé et les modems avaient étés remisés à la cave. Et si cela pouvait encore marcher ? Il dévale les escaliers quatre à quatre et fouille la cave. Il remonte aussi vite que possible et installe son matériel puisant dans ses souvenirs.
Quinze minutes plus tard il s'installe à nouveau devant son écran, et tel un pionnier il essaie de se connecter dieu-sait-où. Soudain des lettres magiques, venu d'un autre temps, apparaissent : LOGIN : Il part se resservir un verre. C'est ahurissant, un court texte défile inlassablement sur l'écran : "Pour cause d'encombrement le service est indisponible. Veuillez vous adresser à votre centre de contrôle..."
Le pire est donc arrivé.
Son téléphone ne lui est d'aucun secours. C'est d'un coup de voiture qu'il fonce vers le centre de contrôle, situé sur la montagne Avila. La circulation dans Caracas commence à ce fluidifier un peu. Il ne met pas plus de 15 minutes pour atteindre l'immeuble qui, en pleine verdure, domine la ville. Lorsqu'il pénètre dans la salle principale il est surpris par le silence qu'il y règne. "Salut Juan, qu'est ce qu'il se passe ici ?" demande Roberto.
Son copain Juan, comme tous les autres techniciens présent, est effondré devant son écran.
"C'est la cata" lui répond-il.
"Qu'est ce que tu veux dire par cata ? "
"Plus de place, on est entrain d'exploser ... "
Pendant quelques minutes un silence de plomb flotte dans la salle. Roberto se risque à poser la question qui lui trotte dans la tête :
"A ton avis c'est quoi ? "
Juan prend son temps puis d'une voix nouée : "je ne vois que deux possibilités : cela peut être un groupe de terroristes qui ont réussi à pénétrer plusieurs systèmes et génèrent d'immenses fichier de pub jusqu'à étouffer tous les circuits. Ou bien ... "
La surprise qui attendait les trois vigiles, Roberto et tous les centres de contrôle dont celui de Fernand est de taille.
Le Netscape Consortium n'avait pas trouvé de meilleure idée pour attirer l'attention mondiale en même temps :
Bloquer le Réseau pendant une heure pour ensuite afficher sur tous les écrans de contrôle de la planète : LA GRANDE NOUVELLE !!!
Après deux millions de jours/hommes de recherche intensive, le Nestcape Consortium (NC) venait enfin de mettre au point le plus redoutable Browser jamais imaginé.
LE BRAINSCAPE
Les recherches sur les fonctions télépathiques et extrasensorielles du cerveau humain avaient abouties à une découverte sans précédent. L'homme pouvait enfin se débarrasser de toutes les interfaces. Il pouvait dorénavant communiquer directement depuis son cerveau. Mieux : tous les sens de l'homme pouvaient être excités en même temps.
Le réseau INTEGRAL est né .
III
Dans la tour de contrôle du MCC, l'équipe d'urgence a maintenant remplacé les trois vigiles. Fernand peut enfin rentrer, laissant à d'autres le soin de régler les problèmes. L'ascenseur le conduit au troisième sous-sol, parking réservé aux employés.
Fernand monte dans son Expressa dernier modèle, joli petit bolide sorti des chaînes d'Italia Automobili. Alors qu'une simple pression des doigts sur le volant aurait dû suffire à démarrer l'engin, Fernand constate que rien ne se passe... Normal!, pense-t-il, elle n'a pas pu recevoir les informations de trafic.
En temps normal, le réseau relaie des informations concernant le trafic européen, à l'usage des véhicules routiers, maritimes et aériens. Privée de ses yeux, la voiture du pauvre Fernand ne peut évidemment pas démarrer.
Une idée lui traverse alors l'esprit. Le vieux Jo, le gardien de l'immeuble allait parfois faire du vélo sur les bords de Seine ; peut-être accepterait-il de prêter son engin, vue l'urgence. Quatre à quatre, Fernand gravit les marches de l'escalier de service.
Au rez-de-chaussée était la loge du vieux Jo. Il est à la veille de la retraite et un peu sourd. Mais il n'a jamais hésité à adresser un mot gentil à Fernand, chaque fois qu'ils s'étaient croisés. Il radote parfois un peu et Fernand l'écoute amusé lui raconter ses premières armes, sur un vieux PC. Dans ces moments de nostalgie, les larmes montent aux yeux du gardien.
Justement, à cet instant, il se tient les bras croisés devant Fernand qui tente péniblement de reprendre sa respiration. "Alors mon p'tit gars, la jeunesse s'essouffle vite à ce que je vois !?" lui dit le vieux Jo, un rien d'ironie dans la voix. "Non...non, ca va, lui répond Fernand, j'ai un problème de bagnole et je voulais savoir si je pouvais vous emprunter votre vélo. "
- Qu'est-ce qu'elle a ta voiture ?
- A cause de la panne de réseau, elle ne veut pas démarrer.
- Attend, je vais t'arranger ca !
Ce disant, le vieux Jo plonge dans des monceaux de cartons dispersés dans le fond de sa loge. "Je la tiens !" dit-il en brandissant victorieusement une énorme caisse en carton.
- C'est quoi ? hasarde Fernand.
- Un vieux PC.
- Un quoi ?!
- Rien... mais avec ca, je suis sûr de pouvoir pirater le circuit de contrôle de ta bagnole.
- Comment ?
- Secret d'expert mon p'tit gars, tu verras bien.
Le vieux Jo s'installe devant le tableau de bord de la voiture et commence a démonter l'ordinateur du véhicule. Après quelques minutes, il est posé sur le siège passager.
Fernand : " Hé, j'espère que tu sais ce que tu fais... ? "
Jo : "T'inquiète p'tit gars, dans ma jeunesse j'étais un des plus grands Hackers du continent. Mon nom, c'était Jo l'anguille ... héhé fini tout ça !" .
Fernand : " Jo l'anguille ! tu parles d'un surnom. Et tu l'as gagné comment ? "
Jo : " Bah ! T'es trop jeune pour t'en souvenir. Si t'as suivi tes cours d'histoire, tu vois ce que c'est, le crack boursier de l'an 2000 : eh bien, c'était moi avec une vingtaine de mec comme moi répartis sur la planète. Ouais, mon p'tit pote, comme tu me vois. A l'époque, j'étais capable de me faufiler dans n'importe quel système. Ces cons avaient misé sur Internet sans comprendre que c'était un système non sécurisé"
Tout en continuant à raconter ces méfaits, fier comme un poux à la veille d'un shampoing, Jo sort de sa poche un long câble parallèle qu'il couple maintenant à une espèce de boite noire d'où sort un paquet de fils. Il commence a relier un à un la filasse sur la carte mère de l'ordinateur de la voiture. Au bout d'un quart d'heure, le montage est achevé.
Jo met alors son portable sous tension, "il tourne encore sous ce bon vieux système UNIX. T'as pas connu c'était avant les windows NT qui ont mis au chômage quantité d'informaticiens comme moi" "sacrément sénile, le vieux " , pense Fernand. "Mais enfin, si ça fonctionne... "
Soudain l'alarme retentit dans le parking de l'immeuble, la voix sensuelle du cyber Computer annonce:
" Alarme intrusion, toutes les issues seront condamnées dans 5 secondes ... 4... 3... 2... 1... "
Fernand : " et M..... ! c'est vraiment pas mon jour. Et dire que ma copine m'attend pour dîner au cyberwacth club "
Jo : " T'inquiète p'tit gars, c'est encore un de ces bureaucrates qui a oublié de fermer la fenêtre de son bureau en partant. " Pendant ce temps là, dans la tour du MCC, l'équipe d'urgence s'acharne sur 'Shinie' le Cyber computeur. L'équipe se compose de deux hommes et d'une femme, Jenny.
Elle a un corps de rêve, des jambes fantastiques et des yeux à refroidir le plus ardent des coeurs. Cette déesse possède également un diplôme en Cybernétique appliquée. Elle s'installe devant le clavier du computeur et commence une série de manipulations afin d'accéder au système de 'Shini'.
' LOGIN : ******* '
' PASSWORD : ********** '
' connect failed : error 9999 '
Jenny : "Error 9999, mais qu'est-ce qu'elle va me chercher, ce n'est même pas répertorié ! "
Shini répète encore : " Alarm intrusion... Alarm intrusion ".
Puis, plus rien. Sur l'écran se dessine un étrange logo, un computeur traversé par un éclair et cerclé de rouge. Aucun signe de ce type n'a jamais été catalalogué auparavant.
IV
Au sous-sol, Jo retrouve les gestes antédéluviens qui avaient fait de lui un héros médiatique éphémère. Fernand s'énerve. Il ne comprend pas grand chose. Tous ces fils, ces circuits vétustes. Il rêve debout, le vieux. Il retrouve sa jeunesse, en première ligne des nouveaux systèmes simulés. Il s'en fout, lui, du signal d'alerte.
"Alarm intrusion... Alarm intrusion. "
Fernand étouffe dans l'habitacle de sa bagnole obstinément muette. Et dehors... Il ne veut pas imaginer le merdier dans les rues, ces rues devenues elles-aussi muettes, envahies d'autres signaux ou pire encore, de silences système, de piétons impuissants, de téléphones inutiles, de réseaux affolés, d'humains terrorisés, plantés au milieu de nulle part. Et Jo qui continue en sifflotant à jouer du scalpel dans le ventre de ce magma répugnant. Un peu comme dans les images qui lui reviennent parfois en mémoire, celles de son vieil oncle cinglé qui, quand Fernand était tout môme, descendait se planquer à la cave au milieu de boîtes éventrées, de câbles innommables, de fils qui se tordaient comme des vers à côté d'écrans fadasses.
- "Attends-moi là. Je vais chercher un truc ", lui dit Jo. "Je dois avoir ça dans un tiroir. "
- "Avoir quoi ? Tu veux pas me passer ton vélo ? J'ai ma copine qui m'attend et j'en ai plein le dos de poireauter là ! Hé, Papy, tu vas pas me dire que tu vas te connecter sur le système de contrôle de ma bagnole avec cette espèce de merde à fils ! Et encore, c'est même pas dit qu'on puisse sortir. A perdre du temps comme ça, on va se retrouver coincés comme deux cons. T'entends pas ce putain de signal ? "
Fernand, tout héritier des seigneurs des réseaux d'antan qu'il est, a toujours répugné à mettre les mains dans le cambouis. Et puis, une petite alerte peinarde tranquille pour égayer la nuit de garde chez MCC, c'est sûr, ça réveille un peu quand on est en train de compter les heures sur les écrans, à swinguer mollement d'un réseau à l'autre. Mais là, il commence sérieusement à avoir les foies, le Fernand.
- "Attends-moi là, p'tit gars, j'te dis. Tu vas voir ce que c'est d'avoir fait carrière chez les hackers des banlieues nord... "
Jo sort de la caisse comme un serpent malgré sa carrure de catcheur en retraite. Pas de faux mouvements sinon, cette bonne vieille carte... Il ouvre la portière, le message d'alerte s'engouffre dans la voiture et vient cingler les oreilles de Fernand.
Jo n'a pas le temps de la refermer. "Hé, Fernand... Je crois qu'il y a comme un pépin.."
A quelques dizaines de mètres, à l'autre bout du parking, une femme marche tranquillement vers eux, d'un pas nonchalant, les mains enfoncées dans les poches de son ciré rouge. Fernand, qui s'était vautré en râlant au fond de son siège, se redresse. "Merde, Amandine ! Qu'est-ce qu'elle fout là ? ". Il sort de la bagnole en trombe aussi vite que s'il y avait le feu à ses chaussettes. Amandine s'arrête de marcher, sourire ambigü et tout le toutim. Faut dire qu'avec une charpente pareille, elle aurait tort de pas prendre la pose. Une caille avec des jambes de sylphide et des seins sous le vernis du ciré qui ne demandent qu'à scintiller sous les néons du sous-sol, ça couperait le souffle à l'Armée du Salut.
"Nom de Dieu, Josiane ! T'es dingue !"
L'air mauvais en remplacement de son sourire salace en dit long de la joie d'Amandine de s'entendre appelée comme ça.
"Ne m'appelle jamais comme ça, minable, sinon je t'étrangle."
Sa voix est rauque, vibrante à côté de celle monotone et surfaite qui continue à rabâcher son message d'alerte.
"Fernand se précipite sur elle comme un fou. Il transpire.
Comment t'es entrée ? ... Excuse-moi, Bébé. Qu'est-ce que tu fais là...."
Il bredouille pendant que Josiane-Amandine brandit un de ses airs triomphants qui laisse prévoir chez elle la scène musclée des grands jours.
"Ça t'ennuie que je sois venue faire un tour, histoire de dire bonjour à ta poufiasse bardée de diplômes? Je ne vous dérange pas, au moins..." .
Fernand, le regard vide, la fixe, bouche bée.
"Il paraît que Shini fait des siennes ? Pauvre lapin ! Tu vois, chéri, si seulement votre univers digital n'avait pas de secret pour moi.... "
Fernand ne sait quoi répondre....
Derrière, dans la voiture, Jo a repris le clavier sur les genoux et se penche en avant afin de mieux voir l'écran, (car il faut dire que Jo est myope comme une taupe et que dans l'afollement il a laissé ses lunettes sur la table de la cuisine.....) soudain Fernand sursaute , un hurlement surgit de la voiture , c'est Jo qui disjoncte.
"Ca y est je suis dans le bios de ton systeme GPS,vas y démarre !""
Fernand cherche aussitôt dans ses poches la foutue clé de contact, Jo lui file un coup de coude sur l'épaule.
"Regarde elles sont là "
Fernand lève les yeux et surpris comprend qu'Amandine les tient le bras tendu en les faisant tourner au bout de son index.
"Mhmh, viens les chercher ..." lui dit-elle.
Presqu'en même temps, l'autre main Amandine vaporise de sa bombe défense le visage de Fernand qui se fige aussitôt en une affreuse grimace. Elle opère ainsi avec Jo et le sort brutalement de la voiture, et retourne vivement subtiliser la ceinture porte-documents de Fernand, et d'un claquemet de doigt démarre et s'enfuit avec l'Expressa. Elle pense au coup de chance du bidouillage de Jo, elle va pouvoir exécuter sa mission plus rapidement que prévu.
Amandine slalome entre les voitures en panne, elle remarque des attroupements et des affrontements : des hardeurs profitent de la panique ambiante pour faire des casses et la police est manifestement débordée.
"Une fois de plus tu te moques de tous, quel sale foutoir t'a provoqué, tu dois bien rire Groleyw, sale porc bien engraissé, mais bientôt ça sentira le cochon grillé " jette Amandine avec colère en pensant au PDG de Netscape Consortium. Elle prend son ROC, un vieux relais à onde courte, et contacte Hans. " Vipère à Boa, tu copies ? " bip, bip,...trachchchchch...........tic ! " - Boa à Vipère, la bête va étouffer " " Vipère est dans l'eau à 15 minutes " " - le panier est ouvert ".
V
Au siège de Netscape Consortium, les flots de champagne ont laissé place à des débordements de colère. Jimmy, le groom rigole dans sa tête, " que c'est marrant de voir ses patrons d'habitude si sûr d'eux, si calmes, s'agiter dans tous les sens, lever les bras au ciel, engueuler leurs ordinateurs. " Les humains sont bizarres, pense-t-il, ils savent que nous sommes contraints d'appliquer leurs programmes mais dès qu'on n'est perturbé par une source extérieure ils nous agressent. Goliath trouvera une solution. "
Groleyw ne décolère pas, il est plus rouge que la moquette, injurie le directeur du programme Brainscape, maudit Goliath, l'unité central principale, le fleuron de la maison, cent pour cent neuronal . Goliath est doté des extensions auditives et d'expression orale, mais il est bridé afin qu'il ne puisse pas s'opposer à la volonté humaine. Mais là s'est fini, il ne fait rien de ce qu'on lui dit, il affiche toujours le même logo, un ordinateur traversé par un éclair et cerclé de rouge.
Et le pire, ce qui met Groleyw en colère maximum, c'est que le disque dur travaille sans arrêt, quelqu'un ou quelque chose joue avec les programmes ; quelqu'un s'est-il introduit par effraction dans Goliath ?
VI
Amandine se range un peu avant la grande porte grise du hangar. S'agirait pas de se faire repérer, même s'il y a peu de chances que Fernand ait réussi à suivre l'Expressa avec le coucou à deux roues du vieux Jo. Surtout avec les yeux gonflés par les neurotoxines qu'elle lui a balancées dix minutes avant.
Elle hésite un peu avant de se figer devant la petite grille métallique, à hauteur de visage. L'oeil électronique qui la scanne jusqu'au fond des pupilles est bien plus dissuasif qu'un cortège de pit-bulls allemands. En un battement de cil, il peut fixer l'ADN de l'importun et cracher un gaz pétrifiant. A chaque fois, Amandine frissonne ; elle sait mieux que n'importe qui d'autre à quoi tient la décision du froid cerveau de silicium : un bit mal placé et elle y va d'un sommeil artificiel de quelques heures qui au passage lui vole quelques milliers de neurones.
Mais c'est l'oncle Hans qui apparaît à l'entre porte, et ils s'engouffrent dans le long couloir, sans échanger un mot.
C'est dans la salle du fond, derrière une lourde porte striée jaune et noir, dotée d'un énorme volant d'ouverture, comme pour protéger le plus beau des joyaux, que se cache Marsu.
" T'as pensé à mon Coca ? il demande sans lever les yeux de sa console.
- Tu crois vraiment que je n'avais que ça à foutre ? Bon, tiens, le voilà, ton Coca... "
Pas trop à l'aise, l'Amandine. Bien qu'elle soit supposée être son supérieur hiérarchique, elle a toujours l'impression que Marsu tient le gouvernail. C'est pas pour rien qu'il arbore un T-shirt flanqué d'une roue de gouvernail traversée d'un poing serré rouge sang. Avec dans le dos un " Netizen Tour 2040 " tout droit hérité du placard d'oncle Hans. Il effraye tout le monde, Marsu, comme tout bon petit surdoué du pianotage qui se respecte. Sauf que lui, avec ses petites lunettes rondes et sa carrure de contrôleur des Tramweb de banlieues Est, il en jette un peu plus que les minots blafards et boutonneux élevés par paquets de 1256 dans les zaïbatsu informatiques de Chiba.
" Bon, pourquoi tu l'as gazé, le pauvre type ? Je pensais que tu l'aimais bien.
- Tu crois que c'est facile, toi ? Justement, j'en avais marre de mentir. Et puis il faut bien qu'il comprenne qu'on est en guerre. C'est pas avec son uZine amateur qu'il va bouger les foules ! Il va peut-être réfléchir, cette fois... Et puis d'abord je supporte pas que tu m'espionnes comme ça ; on avait convenu que tu te brancherais qu'en cas de pépin. Rien de grave, que je sache, non ?? J'ai bien lâché ton émetteur à moins de vingt mètres de Shina. Pas de souci de se côté là.
- J'avais soif, j'voulais juste m'assurer que t'oubliais pas ma bouteille ", il lâche avec un sourire narquois en coin.
La vérité, c'est que cet enfoiré sait tout ce qui se passe, à chaque moment, songe-t-elle. Ce type est une véritable pieuvre à mille-yeux. Un vrai salaud. Un expert dans son domaine ; le meilleur. Et un élément indispensable du Rézo.
" Révolte Zones d'autonomies, murmure Marsu, comme s'il pensait à la même chose. Là, c'est plutôt Zone mondiale de bordel ambiant ", s'esclaffe-t-il en regardant Amandine pour la première fois depuis qu'elle est entrée.
" C'est bizarre, non ? Des mois qu'on bosse sur cette contre-offensive, et là ca mouline tout seul. Y a rien à faire, à part attendre, surveiller, prier - dit-il encore, sans plus sourire du tout. On pourrait p'têt' appeler notre bien-aimé patron, histoire de voir comment ça avance du côté du Netscape Consortium, la-roue-qui-va-tourner ? ".
Le Rézo, pour fort et bien informé qu'il est, est composé de quelques centaines de membres. Ou bien des milliers ? On n'en sait rien. Pour plus de sécurité, les cellules de travail - les kibboutz de la lutte électronique ils disent parfois - ne dépassent pas les cinq membres. Pour le reste, les contacts sont électroniques. Fernand aurait aussi bien pu être leur gourou à tous. Quoique un gourou veilleur de nuit, quand même, ca ne fait pas très sérieux.
" Pas question, rétorque Amandine. On attend. "
Dix minutes, vingt minutes, une heure, une succession d'éternités.
Pour qu'enfin retentisse le signal. Directement balancé par le système le plus crypté du Rézo, celui qui annonce un message en droite ligne du Gourou en Chef.
" ", tonne silencieusement l'écran de Marsu.
Amandine blêmit.
" Chouette, on va enfin pouvoir rigoler ", murmure Marsu.
VII
25 Février 2057 20:30 GMT
Paris : Station du MMC
Fernand ouvre les yeux, le cerveau engourdit, il se lève et regarde autour de lui. Jo gît encore devant la voiture. Un hologramme flotte au-dessus de sa tête : un ordinateur traversé par un éclair et cerclé de rouge
Ce n'était pas la première fois qu'Amandine lui faisait du mal, mais la c'était trop.
Le souvenir de leur première discussion lui revenait une fois de plus en flashback . Ils s'étaient connectés en réalité virtuelle ... pourtant ils s'étaient fait confiance dès leur premier contact, comme quand on a l'impression d'avoir déjà connu une personne.
Elle lui avait expliqué son penchant pour le Rézo, et ce qui la motivait le plus dans ce groupement underground. Elle lui avait expliqué qu'il serait possible de créer un univers virtuel dans lequel nous pourrions vivre libre, un cyber espace ou tout serait possible...
...puis son goût pour le cyber-sex à quoi il lui avait répondu qu'il était marié.
Le bruit caractéristique des téléporteurs de la Cyberpolice se faisait entendre, il était temps de partir.
Fernand soulève le vieux Jo et l'entraîne dans son baraquement, une petite pièce adjointe au bocal de fonction, tapissée de vieux moniteurs, de câbles, de boites pleines de composants métaélectroniques ou HVLSI antédiluviens. Des bouquins techniques sont empilés par mètres dans tous les coins. La tête sous le robinet pour chasser le feu de ses yeux Fernand entend le grand-père qu'il a posé sur un grava de listings usagés jurer comme un charretier :
- c'est quand même pas possible ca ! Y a pas moyen d'avoir une vie rangée b. de m. Jo a rechaussé ses lunettes mécaniques et se met á fouiller dans ses étagères
- qu'est ce que tu cherches papy ?
- mon petit, quand dans la même journée il y à une panne réseau tout média, et une attaque du MCC, c'est pas une coïncidence, c'est un coup du Rézo.
- du quoi ? Tout en extrayant un carton de derrière une pile de bouquin, Jo soupire et explique :
- c'est une bande d'excités qui cherchent la gloire en cassant de la cyberinstitution Il a commencé à extraire une boite sombre bardée de fils qu'il pose sur un coin d'établi et entreprend de connecter à son incroyable méli-mélo d'ordinateurs de tous âges.
- c'est un ancien pote à moi qui les a formés. Pas le mauvais gars, bon bricoleur mais trop confiant en lui. M'étonnerait pas que ta copine lui plaise, il est complètement dépendant des grandes bringues délurées.
Le nez á cinq centimètres de ses mains incroyablement rapides, Jo á mis en oeuvre en quelques instants une de ces stations multi-HF que le pauvre Fernand croyait provenir de la mythologie des grands hackeurs. L'usage des fréquences radio était interdit depuis si longtemps. Les stations multi-HS étaient supposées passer si vite d'une onde á l'autre qu'elles étaient assimilées à des phénomènes naturels par les autorités.
- je dois pouvoir contacter Caracas assez vite, mon copain Jacson doit être au courant de ce qui se trame. Si les gamins veulent faire la loi, ils vont commencer par se frotter à la vieille garde nom de dieu.
Et tout en grommelant, ses doigts magiques coordonnent, ajustent, paramètrent les composants de la machine mythique. Brutalement, un écran se rempli de l'image souriante d'un sexagénaire aux yeux vifs. Une voix claire envahi la pièce.
- Jo, vieux croulant, j'attendais que tu m'appelles. Alors ? Les gamins de ce crétin de Bob sont encore sortis de leur crèche ?
- Bah ! Ces galopins vont encore prendre une leçon de mécanique des bits si tu veux bien. Ton gamin Juan bosse toujours aux CyberPTT ?
- Bien sûr, ce gamin est un surdoué du manque de confiance. Lui qui aurait pu devenir le plus grand des hackeurs. Et ta nièce la mignonne Jenny, toujours tailleur BCBG chez ce truand de Groleyw ?
- Ne m'en parle pas elle pille mes archives pour obtenir des promotions, c'est une grosse huile, mais elle doit baigner dans son jus à l'heure qu'il est. Qu'est ce que tu dirais de faire faire un court circuit au Mbone général pour que les vieux satellites solaires reprennent du service, comme nous?
- J'allais te le proposer, leur nouveau système supra-conducteur est intéressant, mais encore beaucoup trop fragile, et nos vieux satellites ont étés oubliés un peu vite. Je vais faire une visite á mon petit Juan et lui emprunter un peu son matériel de bureau.
Fernand ose à peine comprendre ce qui se passe. Amandine est une cyber-terroriste et le gardien de son parking est un cyber-héro. Il a vraiment le sentiment d'être une cyber-andouille.Ca fait au moins 3 Martini et deux Vodka que Jacson avait les yeux scotchés sur le trio de seins nus que la fille agitait sans relâche sur un parterre de types au bord de l’apoplexie. Si le père Newton avait vu çà il aurait tout de suite renoncé à sa théorie de la gravitation universelle.
Il s’en était tapé une, une fois. Une de ces Gel-Beur. On les appelait comme çà les mutants parcequ’ils appartiennent à la seconde génération de shootés au Gel-Beam.
Jacson remerciait le Cartel de Hong Kong. En plus de réveiller une libido évanescente, il avait fait la fortune de Wonderbra qui vendait ses bonnets B non plus par paire mais par trio.
- « Cachou le Gel-Beam, le Gel-Beam Anh Anh !» disait la pub. Çà avait une autre allure qu’avec les deux mamelles flasques et laiteuses d’Heva Herzigova reconvertie aujourd’hui dans la défense des bébés morses.
Le Cartel de HK avait mis au point la dope parfaite. Une pochette de gel vert translucide à se coller sur la peau. Décollage immédiat pour un nirvanã sans nuage. Pas d’effet secondaire néfaste si ce n’est une accoutumance très forte. Dans les boâtes à la mode, le dernier chic c’était de s’en coller un derrière chaque oreille. Marrant. On voyait alors plein de petites lucioles vertes qui dansaient dans la pénombre. Un vrai carton aussi dans les salles de concert qui voyaient des kyrielles de petites lucioles vertes danser sur les refrains des chanteurs à la mode. Les briquets BIC s’en étaient pas remis d’ailleurs.
L’affaire du talc Morange et Seveso réuni. Les rejetons de cette génération de shootés avaient moins apprécié. Synthèse de molécules issues de manipulations transgéniques, les enfants des amateurs de bonheur ensaché se sont vus tous dotés de membres supplémentaires. Certaines épouses n’en s’en plaignaient pas dans l’intimité, mais çà faisait désordre de voir l’infirmière tomber dans les pommes à chaque visite médicale.
C’était un jolie brune programmeuse avec lui chez NetScape Consortium sur le projet DS 21 injection. Elle cachait son super bonus transgénique derrière des combinaisons toujours très amples.
- Mais comme disais mon père, « y’a du monde au balcon ». Le problème avec ce genre de nana (très appréciées des espagnols), c’est au réveil. Autrefois les gonzesses se contentaient de te piquer deux ou trois biftons dans ton larfeuille. Ces foutues Gel-Beurs n’ont qu’une idée : te pomper jusqu’à la moelle épinière pendant ton sommeil pour se reconstituer un extrait d’ADN à peu près correct. Après tu te retrouves cloué au lit pendant 6 mois pour trouver un donneur ou 100000 Euros pour un extrait de moelle de synthèse.
- Putain, c’est à croire que ses mamelles sont dotées d’une vie autonome. Un peu comme ces ogives à têtes multiples qu’on faisait sur les missiles d’autrefois.
-
Il fallait bien çà à Jacson pour oublier qu’il pourissait dans ce trou à Caracas depuis plus de 15 ans. Viré du NetScape Consortium pour avoir inséré une routine dans le cœur du célèbre browsers qui mémorisaient, puis transmettaient tous les codes secrets ou n° confidentiel de carte bleue, composés par les internautes.- Je m’en suis mis plein les poches pendant trois ans ! se souvient Jacson. Je me suis fait construire une villa plus grande que celle de Ted Turner. On pouvait garer sans problème une bonne demi-douzaine de B52 sur mon parking. J’ai toujours eu un faible pour les grosses voitures. J’avais une armée de pupitreur qui récupérais les millions de codes confidentiels générés chaque jour par tous les browser NetScape de la planète. Après il suffisait de se servir sur les compte bancaire (jamais plus de $10 à la fois). Moi j’ai toujours eu un petit faible pour pénétrer sur les serveurs hautement sécurisés soi disant, comme ceux du Pentagone ou de la Mafia.
- Qu’elle jouissance que d’être mieux informé que le président des Etats-Unis ! Un crack à Wall Street ou à Singapour ? Aussitôt je prends des positions CALL sur les marchés et j’engrange en quelques secondes des milliards de $. Je me marrais doucement en entendant les journalistes dire qu’en quelques heures plusieurs dizaines de milliards se sont vaporisés.
- Ils se sont vaporisés dans ma poche !
- Une guerre d’indépendance programmée pour le mois prochain en Afrique de l’Ouest par la CIA ? Je prête aussitôt 10 millions $ au futur dictateur. Çà coûte cher de prendre le pouvoir. Presque autant qu’en démocratie.
- Allez une autre vodka orange. !La danseuse transgénique a fini son show. L’orchestre Vénusien bat son plein maintenant. J’ai toujours eu horreur de leurs mélopées nasillantes.
- Quand çà a tourné vinaigre, je me suis réfugié ici à Caracas. J’ai trouvé ce job chez TELCOM sous un faux nom. Programmeur pépère, je m’occupe des programmes de suivi d’une couronne de satellites géostationnaires dont on ne sert plus depuis 10 ans. Y’a plus que les cibistes qui s’en servent !
- Plus personne ne se souvient pourquoi ils avaient été lancés ces foutus satellites !
C’est à ce vieux Bill GATES qu’on doit l’initiative. Non content de contrôler 95% des OS de la planète, 50% des browsers et en plus d’être à l’origine d’une une bonne partie du contenu d’internet (pendant des années il a racheté tous les éditeurs, journaux et banques d’images qui voulaient bien de ses $, autant dire tout le monde) Billou s’est mis en tête de maîtriser la diffusion des informations. Fort bien. Objectif : que tout le monde jusqu’au dernier Papou de Nouvelle Guinée Orientale dispose d’une connexion haut débit pour son téléphone cellulaire, son ordinateur et sa télévision (qui a finalement disparue et Thomson avec). Le tout rendu possible grâce à l’invention de Georges Charpack qui remplace avantageusement l’antenne parabolique par une petite boule qu’on met à la place de la boule de souris.
Tout va bien pour Bill Gates. Il règne sur le monde. Sa seule erreur c’est d’avoir épousé sa secrétaire. Promue secrétaire en chef depuis qu’elle est passée sous le bureau un jour de fête du comité d’entreprise, puis épouse attitrée, Carol J.GATES est devenue milliardaire en quelques semaines. Elle qui fut élévée dans une ferme du Minnesota. Le rêve Américain. Avec la cuisine qu’elle s’est faite construire à Seattle on aurait pu bâtir un hôpital.
Jusqu’à ce qu’elle persuade son visionnaire de mari d’insérer dans tous les logiciels Microsoft des bandeaux publicitaires du type « You love your Mother : Scientologic Church loves you too » ou bien « Maxi bundel on Windows NT 8 : get a free 15 days retreat in Scientologic Church of Seattle ».
Carol J. GATES et son mari sont comme John Travolta (devenu Président des Etats-Unis) des adeptes de l’église de scientologie. Mais à l’instar de d’Ivanah Trump, exilée polonaise arrivée sans un sou au Etats-Unis elle ruina son mari en moins de temps qu’il faut pour le dire.
- Microsoft lave plus blanc !
s’écrièrent les journaux et la communauté de développeurs. Aussitôt tous les fabricants d’ordinateurs refusèrent d’intégrer le moindre logiciel Microsoft. Tous les cartons Microsoft furent jetés à la rue. Les gouvernements de tous les pays interdirent bientôt l’importation des ces logiciels. Jim Clarck, le patron historique de Netscape racheta Microsoft pour une bouchée de pain et épousa Carol J.GATES qui n’a pas perdu le nord dans l’histoire.Et me revoilà à Caracas à gérer cette couronne de satellites qui ne servent plus depuis qu’on a mis au point la communication inductive.
- mais qu’est ce que c’est que ce bordel qui vibre dans ma poche ? En effet la poche droite de sa combinaison s’était mise à trembler comme un vieille Illiouchine au décollage.
- Ah oui ! C’est mon vieux Tatoo Tv avec écran polarisé qui se réveille. Il avait gardé cette antiquité pour communiquer avec ces vieux potes.
- les gamins de Bob ont semé la panique sur le réseau ? Tout est bloqué chez vous ? Oui, Oui j’ai une idée. Mais j’ai besoin de toi pour que çà marche.
- Ouaih, je connais les gamins de Bob. Et Bob a pu que leur apprendre que ce qu’il savait, à savoir pas grand chose. Bob c’est avant tout un as du fer a souder. Pas un crackeur qui te casse une clef de 1024 bits le temps de griller une Gitane. Ils ont du bidouiller un catalyseur d’ondes inductives avec deux allume gaz, une paire d’electrodes et un gros générateur derrière. En fait ils ont routé les milliards d’informations qui convergent normalement vers le BRAINSCAPE sur une impasse !
- Ouaih comme çà le super serveur Origin 3000 SGI qui sert le BRAINSCAPE s’est retrouvé coinché. Et tout est tombé.
- Tu vois Bob, leur catalyseur inductif devrait pas être difficile à trouver. Il leur faut un générateur qui crache dans les 300 Gigawatt minimum. Ce genre de truc tiens pas dans la culotte d’un Zouave et même avec la technologie supraconductive çà doit générer autant de chaleur que deux SuperNova.
- Donc de deux choses l’une. Soit ils se sont installés sur la banquise au risque de voir monter de 3 m le niveau de l’eau, soit leur générateur est refroidi par un fleuve entier quitte à griller les poissons.
- Moi de mon côté à Caracas je peux braquer toutes les paraboles de TELCOM vers les satellites, remettre en marche un de ces vieux commutateur Alcatel dopé par mes soins avec des composants supraconductifs. Mais je peux tenir à peine plus de trois heures. Les sattellites vont griller les uns après les autres. Rends toi comptes : 30000 Terabytes/s avec la techno du dernier siècle, çà peut pas tenir longtemps.- En voiture Simone cria Fernand. T’a entendu ce qu’à dit ton copain Jacson ? Faut qu’on trouve tout ce qui ressemble à une centrale atomique désaffectée près d’un fleuve. T’as su contourner tout à l’heure les circuits de contrôle de l’Expressa, jusqu’à ce que cette garce d’Amandine nous enfume, y’a pas de raison que tu y’arrive pas avec toutes les caisses rendues inutiles que les gens ont dû abandonner dans la rue.
- T’es fou ! Je dois rester garder l’immeuble, surtout qu’on est en alerte DEFCON 4 ! J’vais perdre mon job avec un coup comme çà !
- Taratata ! Je te demande pas ton avis. Allez embarque ton oscillo, ton fer à souder et ton vieux PC, je t’en retrouvais un de Job moi, et mieux que celui là !
Les voilà parti avec leur caisse à fourbi et des fils qui traîne sur 3 m derrière eux. Effectivement. Y’a l’embarras du choix. Un tas de bagnoles sont abandonnées au beau milieu de la rue.
- Vaindieu ! Mâte le coupé SSC bi-turbine inductive abandonné comme une vieille chaussette ! Avec çà on va passer vite fait en hyper espace et coller rapidos aux miches de cette salope d’Amandine. M’en vais lui faire passer le goût de la plaisanterie à celle là à coup de latte dans la gueule ! J’vais lui faire bouffer la moquette de mon Expressa centimètre par centimètre pendant que j’m’occuperais des deux plantureux lobes fessiers dont dame nature l’a gratifiée. J’peux te dire qu’elle va pas me la jouer sournoise avec ses airs de WonderWoman qui descend de l’hyper espace, cette fois ci. Je te garantis que la gorette j’vais lui faire cracher son certificat de baptême
- Ah Ah Ah !
Jo se marre tellement qu’il a répandu tout son matos sur le plancher de la SSC.
Ah Ah Ah ! Arrètes ! Tu me fais mal au ventre ; J’sais pas d’où tu me tiens çà mais tu me rappel un acteur d’avant le Big Bang dont j’ai oublié le nom. Quand j’étais gamin, on se repassait son film « les tontons flingueurs » des dizaines de fois !
- Allez Zouh branche moi ton fourbi la dessus, je sens que çà va te redonner une seconde jeunesse !
Jo s’activait déjà. A l’évidence l’expérience de tout à l’heure lui avait servie. On entendit un son tu genre :- ZZZZZZZZRRRRRRRROOOOOOOOOOOOOOV
- Prend le volant Fernand çà tourne !
Fernand ne se le fit pas dire deux fois. Il sauta à pied joint dans le petit bolide rouge, les pieds emmélés dans les kilomètres de fils du vieux Jo.
- Attention ! Cette bagnole se dirige en fonction du déplacement oculaires des yeux du conducteur. S’agit pas deux regarder trop longtemps les affiches de cinéma où on se retrouve scotchés à la façade du KINORAMA !
- Dedieu quel pêche ! Cette japonaise avait gardé les bonnes vieilles boîte mécaniques séquentielles super rapides
- Çà y’est Jo ! Accroche ta moumoutte on passe dans l’hyperespace azimuth 45.
- - ! ! ! ! ! ! ! !
- Je connais mon Expressa, on va coller recta au miches de la môme Amandine et lui faire regretter d’être venue sur terre !
- Déconne pas Fernand, faut trouver une centrale nucléaire désafectée !